Une idée née de l'expérience
Pourquoi avoir créé cette association ?
Vous êtes tout à fait en droit de vous poser la question. La réponse est relativement simple : j'ai moi-même vu et subi du harcèlement moral à plusieurs reprises dans ma carrière.
J'ai été témoin de la façon dont le harcèlement moral peut détruire le moral, la confiance en soi et même la santé mentale. J'ai ressenti de première main la douleur et la détresse que cela peut engendrer.
J'ai pu constater dans mes années de pratique diverses formes de harcèlement sur tout acteur du monde vétérinaire : vétérinaires, ASV, représentants...
En être témoin est une chose, le vivre en est une autre. Ma dernière expérience était bien plus personnelle. J'ai subi de plein fouet du harcèlement moral pendant près de 3 ans. Pourquoi trois ans? Car c'est le temps qu'il m'a fallu pour comprendre ce que je vivais. Malheureusement, le temps de réaliser cela il était déjà trop tard.
Le retour du travail se faisait dans les larmes. J'étais incapable de manger, ayant, de toute façon, perdu tout appétit. J'ai réalisé que je devais rapidement consulter mon médecin car je serais incapable de tenir ne serait-ce que 10 jours de plus dans cet environnement. Ma détresse a alors poussé mon médecin à m'arrêter.
C'était donc fini ? Si seulement... L'éloignement de la clinique m'a fait réaliser à quel point j'étais en souffrance. Les cauchemars et les nuits agitées se sont succédées. Ma perte d'appétit n'a pas disparu même après plus de 10 jours sans travail. L'angoisse de croiser mes oppresseurs me cloîtrait chez moi. Puis, un jour, en voiture avec ma famille, nous sommes passées devant une maison de retraite où je pouvais voir deux femmes âgées jouer à un jeu dans un salon. La première pensée qui m'est venue a été "si je n'étais plus de ce monde, la vie serait tellement plus simple."
J'ai eu très peur. J'ai compris que si j'y retournais, la bêtise n'était pas très loin. J'en ai discuté avec mon médecin et j'ai été arrêtée plusieurs mois, le temps de me remettre de cet état anxiodépressif.
J'ai eu la chance d'être soutenue par mon médecin, ma psychologue, mon psychiatre mais également par ma famille et par des amies ayant vécu le même calvaire. Ces personnes m'ont évité d'écouter ces idées noires bien trop présentes à mon goût. Je les remercie du plus profond de mon cœur.
Toutefois dans ma lutte acharnée de 2023 avec les dépôts de plainte et les recherches pour trouver un avocat, je n'ai jamais trouvé un soutien franc ayant de l'expérience. Bien sûr, j'ai trouvé quelques informations par moi-même, mais il n'existait pas d'organisme d'aide dans mon cas. J'ai été globalement seule dans mon combat, et le suis encore aujourd'hui.
Cette expérience m'a permis d'apprendre beaucoup de choses dans ce domaine et dans la lutte contre le harcèlement moral. Mais il est très difficile de se battre quand on essaie en même temps de se reconstruire. Car oui, le harcèlement moral vous met à genoux et s'en relever prend du temps.
C'est un fléau parfaitement silencieux et vicieux. Il peut être très évident ce qui nous pousse vers la fuite. Mais il peut également être insidieux et on ne s'en rend compte que bien trop tardivement. Nous sommes alors déjà au bord du précipice, dans une souffrance bien trop importante pour que de simples mots puissent la décrire.
Comme je le disais, je n'ai malheureusement pas toujours trouvé tous les soutiens que je voulais. Mais j'ai eu la chance d'être entourée. J'ai conscience que ce n'est pas le cas de tout le monde. C'est pourquoi, j'ai décidé d'agir et de créer cette association afin d'aider les victimes mais également prévenir ce mal qui ronge notre belle profession.
Si mon expérience peut me permettre d'aiguiller et soutenir d'autres personnes alors c'est une réussite ! Si les interventions de cette association peuvent permettre d'aider les différents acteurs du milieu vétérinaire à se protéger, les prévenir de ce mal et, allez soyons ambitieux, réduire l'incidence du harcèlement moral dans notre profession, alors c'est une victoire ! Nous vivons suffisamment de situations compliquées pour ne pas avoir à subir un environnement de travail malsain et délétère.
Je refuse de rester passive face à cette réalité préoccupante et ce mal-être dans notre belle profession !
C'est ces convictions qui ont donné naissance à "Un moral aux abois".
N'hésitez pas à adhérer ou faire un don si vous voulez vous engager ou participer dans cette bataille sans merci.
Bien à vous,
Marine, Présidente d'Un moral aux abois